L'économie du Koweït regarde vers la Chine

Malgré des tensions, notamment avec l'Irak, le Koweït reste fidèle à sa tradition et défend ses intérêts économiques

L'économie du Koweït regarde vers la Chine
World
Sep 27, 2024
Par 
Nawaf Naman

La région du Golfe persique connaît actuellement une intensification des rapprochements économiques avec la Chine. Le développement du port Mubarak al-Kabir au Koweït est un exemple de cette tendance lourde. Le projet a démarré en 2019 pour diversifier les sources de revenus de la monarchie sous l’égide de l’émir Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah. Il s’inscrit dans l’initiative des nouvelles routes de la soie lancée par Xi Jinping en 2013.

Il semble qu’il ne se passe pas un jour sans que des rapports sur des rencontres de haut niveau entre responsables chinois et des États du Golfe, ou bien des annonces d’accords commerciaux majeurs avec des entreprises chinoises ne soient publiés, tout cela dans le contexte de l’aspiration de ces pays arabes de diversifier leurs économies et de réduire leur dépendance au pétrole, malgré les défis géopolitiques auxquels la région est confrontée.

Récemment, le Koweït a relancé le projet du port Mubarak al-Kabir sur l’île de Bubiyan au nord du Golfe, en accueillant plusieurs délégations techniques chinoises pour poursuivre les négociations sur la création de ce port stratégique, surtout après s’être senti écarté des initiatives majeures pour établir de nouveaux corridors commerciaux entre l’Asie et l’Europe. Avec l’intensification de la concurrence logistique dans la région du Golfe en raison des initiatives internationales pour créer des corridors commerciaux entre l’Asie et l’Europe, le projet du port Mubarak al-Kabir au Koweït se distingue comme un axe stratégique pour renforcer les relations commerciales et économiques avec la Chine. Ce projet est un symbole de l’effort du Koweït pour diversifier son économie et réduire sa dépendance au pétrole.

Pour le partenaire chinois, il fait partie de l’ambitieuse Initiative des nouvelles routes de la Soie avec les objectifs d’améliorer l’intégration régionale, accroître les échanges commerciaux et stimuler la croissance économique. Cependant, la réalisation de ce projet reste entravée après l’achèvement de sa première phase.

Des défis majeurs

  1. Le projet fait face à des défis importants, notamment les tensions politiques dans la région et les différends avec l’Irak et aussi avec l’Iran concernent les frontières maritimes. Récemment, le Tribunal fédéral irakien a rejeté la démarcation des frontières maritimes à Khor Abdullah, qui est l’entrée principale du port, faisant craindre un regain de tension dans les relations entre les deux pays, notant qu’en 1993, le Conseil de sécurité a publié la résolution n° 833, qui stipule que les eaux de Khor Abdullah seront divisées à parts égales entre les deux pays, et que l’Irak a ratifié l’accord le 25 novembre 2013.
  2.  L’Irak a cherché à approfondir ses relations économiques avec la Chine depuis plusieurs années, signant plusieurs contrats permettant aux entreprises chinoises d’investir dans le pays, dans le cadre de la politique chinoise d’expansion géographique de son influence économique à travers la Nouvelle Route de la Soie. La Chine a promis d’investir près de 17 milliards de dollars pour construire des chemins de fer en Irak, soulignant l’intérêt de la Chine pour le port de Faw irakien. La réussite du projet du port Mubarak nécessitera donc de nombreux efforts diplomatiques de la part de la Chine pour apaiser les tensions et convaincre l’Irak de respecter les décisions légales, ainsi que pour intégrer le port Mubarak dans le plan du projet de la Ceinture et de la Route.
  3.  Le financement du projet du port Mubarak nécessite une somme considérable, pouvant atteindre 3 milliards de dollars.
  4. La concurrence avec d’autres ports dans le Golfe. La présence de ports actifs dans la région, comme à Dammam, Abu Dhabi et Dubaï, représente également un défi pour la viabilité économique du port Mubarak.

Le Koweït s’efforce de faire avancer le projet et a récemment accueilli plusieurs délégations chinoises pour discuter des détails de sa réalisation. Le journal al-Qabas a rapporté en juin dernier qu’une délégation chinoise est venue au Koweït pour examiner tous les plans du port et parvenir à un accord sur les dernières étapes pour commencer les travaux. Les autorités Koweïtiens attendent maintenant les études chinoises sur le projet et demandent à Pékin de terminer ces études dans un délai de six mois.

Efforts chinois

L’ambassadeur de Chine au Koweït a récemment confirmé que de nombreuses visites de délégations chinoises ont eu lieu au Koweït pour discuter de la mise en œuvre des accords entre les deux pays, notamment une visite d’une délégation de haut niveau de la société CCC chinoise, qui a effectué une visite de terrain du port Mubarak et a eu des discussions fructueuses avec les ministres des Affaires étrangères, des Finances et des Travaux publics. Cette visite a joué un rôle positif dans le développement du port Mubarak al-Kabir.

Le Koweït fait face à plusieurs défis pour la réalisation de ce projet ambitieux. Cependant, il est bien placé pour surmonter ces obstacles grâce à une coopération constructive plutôt qu’à une concurrence néfaste, afin que les bénéfices soient réciproques et profitent aux peuples de la région. La Chine pourrait jouer un rôle crucial en facilitant la communication avec tous les partenaires pour garantir la réalisation des grands projets.

Au même moment, les pays de la région sont également conscients qu’il n’est dans l’intérêt de personne de se mettre le Koweït à dos, car ce petit État a déjà montré qu’il n’hésitera pas à défendre sa souveraineté nationale et ses intérêts à tout prix.

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