Le PEAC (Plan d’épargne avenir climat) arrive avec neuf mois de retard.
Le PEAC, réservé aux moins de 21 ans, promettait un double objectif : préparer l’avenir financier des jeunes et financer la transition écologique. Mais le produit, malgré une fiscalité avantageuse, peine à convaincre.
Nous l’avions annoncé il y a un an et demi, le PEAC – plan d’épargne avenir climat – est désormais disponible. Il était temps ! Il devait être commercialisé, au plus tard, le 1er juillet 2024. Il arrive donc avec neuf mois de retard.
Qu’est-ce que le PEAC ?
Le plan d’épargne avenir climat (PEAC) est un produit d’épargne exclusivement réservé aux jeunes de moins de 21 ans. Il peut être comparé au plan épargne actions (PEA) et au plan épargne retraite (PER), dans la mesure où il permet d’investir sur des supports variés (actions, obligations, etc.), et dans le fait que le capital versé n’est pas garanti.
C’est un support, comme son nom l’indique, destiné à financer la transition écologique. Il peut être ouvert par les parents dès la naissance de leur enfant, et sera automatiquement clôturé lorsque le titulaire aura atteint l’âge de 30 ans. A l’ouverture du PEAC, le titulaire (ou son représentant) doit mentionner une date de liquidation envisagée ; il est possible de modifier à tout moment cette échéance sans qu’elle puisse dépasser l’anniversaire des 30 ans du titulaire.
Il n’est possible d’ouvrir qu’un seul PEAC par personne et les versements numéraires sont limités à 22 950 euros par plan (plafond identique à celui du Livret A). Les versements sont libres, contrairement aux retraits. Les fonds sont, en effet, bloqués au moins cinq ans et jusqu’à la majorité du titulaire.
Ainsi, si un PEAC est ouvert à la naissance d’un enfant, aucun retrait ne pourra être effectué avant que celui-ci ait atteint l’âge de 18 ans. En revanche, si le PEAC est ouvert à l’âge de 16 ans, il faudra attendre d’avoir 21 ans pour pouvoir retirer des fonds.
Pour optimiser le potentiel de performance du placement, il est prévu, dans le cadre d’une gestion pilotée, que l’allocation évolue pour sécuriser le capital à l’approche de l’échéance (c’est pourquoi la date de liquidation envisagée est demandée au moment de la souscription). La réglementation prévoit ainsi que la part des actifs présentant un profil d’investissement à faible risque doit être égale au minimum à 70% de l’encours du PEAC deux ans avant la date de liquidation. Le gestionnaire évalue le seuil de « sécurisation » du portefeuille au minimum une fois par semestre. Il est cependant possible d’opter pour une gestion libre de l’allocation.
Pour assurer le caractère « durable » du placement, les sommes sont obligatoirement investies sur des supports financiers qui affichent les labels ISR, Finansol ou Greenfin.
A l’issue de la période de blocage et jusqu’à la clôture automatique du plan, il est possible d’effectuer, à tout moment, des retraits partiels. Ceux-ci, cependant, entraînent l’impossibilité de faire de nouveaux versements. Des retraits anticipés sont permis si l’un des parents du titulaire décède, si le titulaire est frappé d’une invalidité ou s’il décède lui-même.
Le PEAC bénéficie d’une fiscalité attractive puisque les gains et plus-values réalisés ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu ni aux prélèvements sociaux. Il subit, bien sûr, des frais de gestion et de tenue de compte, variables selon le gestionnaire.
La loi prévoit également, dans une démarche d’éducation financière, que les détenteurs d’un PEAC bénéficient « d’une information régulière, claire et pédagogique, facilement compréhensible pour les plus jeunes, notamment sur la performance du plan, le niveau des frais ou encore l’impact environnemental de leur plan d’épargne ».
Un choix limité à ce jour
Le PEAC est normalement disponible auprès des banques, des assurances, des mutuelles et des institutions de prévoyance. Il prend la forme soit d’un compte-titres adossé à un compte courant, soit d’un contrat de capitalisation.
Mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, les jeunes épargnants ont un choix bien limité. Seul le groupe BPCE, avec ses deux réseaux que sont les Caisses d’épargne et les Banques populaires, proposent ce nouveau produit accessible avec un versement initial de 100 euros.
Le PEAC est le même dans les deux réseaux. Il est proposé sous la forme d’un contrat de capitalisation (assuré par BPCE Assurances), avec deux modalités de gestion. La gestion pilotée répartit l’épargne entre le support en unités de compte Ecofi Agir Pour le Climat et le Fonds en Euros BPCE Vie. La gestion libre permet d’investir dans quatre supports en unités de compte : Ecofi Agir Pour le Climat, Mirova Global Green Bond Fund, Dorval European Climate Initiative et Mirova Europe Environmental Equity.
On soulignera que le fonds en euros de BPCE Vie a rapporté moins de 2,50% nets en 2024 (hors bonus), ce qui est moins que le Livret A dont le taux est resté fixé à 3% tout au long de l’année (il est tombé à 2,4% depuis le 1er février 2025). Quant aux unités de compte, c’est parfois pire : Ecofi Agir Pour le Climat a perdu 11,63% en 2024 et 1,08% en 2023 ; Mirova Europe Environmental Equity a baissé de 5,99% en 2024 et n’a gagné que 2,88% en 2023 ; Dorval European Climate Initiative a perdu 1,6% en 2024. Seul Mirova Global Green Bond Fund a progressé l’année dernière… d’un petit 1,62% !
Autant dire qu’il ne faut pas espérer réaliser d’importants gains avec le PEAC du groupe BPCE. Surtout que les frais peuvent être, au contraire, non négligeables. Sur le contrat des Caisses d’épargne – qui s’appelle Millevie Avenir Climat – les frais d’entrée sont de 1%, les frais de rachat de 5%, les frais de gestion du contrat de 0,70% et les frais de gestion des unités de compte (pour l’option gestion libre) vont de 1,37% à 2,32%, en moyenne.
De quoi faire encore baisser la rentabilité !
Un produit qui a un seul avantage : la fiscalité
Le groupe BPCE améliorera peut-être son offre si des produits concurrents apparaissent sur le marché. Pour l’instant, les banques ne se bousculent pas au portillon. Il faut dire que le PEAC présente tout de même quelques inconvénients.
Le premier est, sans conteste, le fait que le plan doive être liquidé à l’âge de 30 ans et que, dans cette perspective, 70% de l’épargne doivent être placés sur des supports moins risqués deux ans avant l’échéance du contrat. Il n’est donc pas impossible que le rendement soit nul ou négatif à l’échéance.
En effet, supposons qu’un plan prenne fin en décembre 2040 et qu’en novembre 2038, l’épargne placée en unités de compte chute de 20%, tous les gains accumulés depuis l’ouverture sont susceptibles de disparaître d’un seul coup. En décembre 2038, 70% de l’épargne est placée sur le fonds en euros. Ce ne sont alors plus les gains qui sont sécurisés, mais les pertes qui sont assurées.
Le second grand désavantage du PEAC tient dans les conditions de déblocage et d’alimentation de l’épargne. Si l’on peut comprendre qu’aucun retrait ne puisse être fait avant la majorité du titulaire (sous réserve que le contrat ait au moins cinq ans), on s’interroge sur la pertinence de la règle qui n’autorise plus l’alimentation de l’épargne après un retrait.
Tout cela fait que le PEAC n’a, en réalité, qu’un seul atout : sa fiscalité. Il offre, en effet, un cadre fiscal plus intéressant que l’assurance vie après 8 ans (pas de prélèvements sociaux). Un avantage qui pourrait ne pas en être un si le contrat, comme évoqué plus haut, ne rapporte rien, finalement.
On comprend, dans ces conditions, que les banques soient réticentes à proposer ce livret à leurs clients, estimant qu’il manque d’atouts. Beaucoup d’entre elles, ainsi que les compagnies d’assurance, considèrent, comme l’a déclaré un responsable du Crédit mutuel aux Echos, que c’est « un produit complexe avec un potentiel de marché réduit ».
On se demande ainsi comment l’objectif, fixé par le gouvernement au moment du vote de la loi, de collecter au moins 1 milliard d’euros sur les 40 milliards qui sont placés, chaque année, par les jeunes Français (ou leurs parents) sur les produits d’épargne qui leur sont accessibles (Livret A, livret jeune, PEL, assurance vie, etc.) pourrait être tenu.
Nous conseillons, pour notre part, de privilégier les placements liquides comme le Livret A et le livret jeune et de n’envisager d’ouvrir un PEAC que si ceux-ci sont déjà au plafond. De toute façon, il conviendra d’attendre des offres concurrentes à celle du groupe BPCE en espérant qu’elles soient plus diversifiées (par exemple avec des ETF). En attendant, l’assurance-vie et le PEA jeunes ne doivent pas être négligés.