La BCE face au Bitcoin: le grand paradoxe européen

Encore une fois, la BCE nous offre une magnifique démonstration de sa déconnexion avec la réalité économique mondiale.

La BCE face au Bitcoin: le grand paradoxe européen
Feb 4, 2025
Par 
Adèle Burdin

OPINION

Encore une fois, la BCE nous offre une magnifique démonstration de sa déconnexion avec la réalité économique mondiale. Pendant que Christine Lagarde s'accroche désespérément à ses dogmes anti-Bitcoin, la République tchèque (qui n’est pas dans la zone euro) prend le virage de la modernité financière. Un contraste saisissant qui illustre parfaitement la fracture grandissante au sein même de l'Europe sur la question des crypto-monnaies.

La vieille garde contre-attaque

Sans surprise, Madame Lagarde persiste et signe. Dans une nouvelle sortie médiatique ce jeudi 30 janvier lors d’un point presse, la présidente de la BCE réaffirme son opposition catégorique à l'intégration du Bitcoin dans les réserves des banques centrales. “(Les réserves des banques centrales européennes) doivent être liquides, sûres, sécurisées. Elles ne doivent pas être suspectées d'être liées à des activités criminelles ou de blanchiment d'argent”.

Un positionnement qui frise l'absurde étant donné le niveau de traçabilité de la blockchain du Bitcoin qui limite par construction son utilisation frauduleuse ($24MM en 2023 estimation Chainlink -https://www.chainalysis.com/blog/2025-crypto-crime-report-introduction/) comparé aux 1.3% du PIB européen qui sert au blanchiment en euros (source: Europol  cité par la cours des comptes - https://www.ccomptes.fr/system/files/2023-02/20230223-S2023-0017-Lutte-contre-le-blanchiment.pdf?v=1678351491) soit 10x plus. Pour les épargnants très concrètement BTC a largement surperformé l'euro ces dernières années fort de son inflation programmée (un peu plus de 100% sur 12 mois).

Le discours est toujours le même : volatilité, absence de valeur intrinsèque, risques pour la stabilité financière... Des arguments qui sonnent de plus en plus creux face à la réalité du marché et l'adoption croissante du Bitcoin par les institutions financières traditionnelles.

Prague montre la voie

Pendant ce temps, la Banque centrale tchèque fait preuve d'une audace rafraîchissante. Non contente d'envisager l'achat de Bitcoin, elle prévoit d'y investir plusieurs milliards d'euros suite à la proposition d’Aleš Michl le gouverneur de la banque centrale de République tchèque (https://www.ft.com/content/a3c06f8f-34ad-4065-bcf4-97670230824f). Une décision qui témoigne d'une vision stratégique claire : diversifier ses réserves face à l'incertitude géopolitique croissante.

Les Tchèques l'ont bien compris : dans un monde où les tensions internationales s'exacerbent, disposer d'un actif décentralisé, impossible à saisir et indépendant du système SWIFT devient un avantage stratégique majeur.

L'Europe à deux vitesses

Cette divergence de vision entre Prague et Francfort illustre parfaitement la schizophrénie européenne sur les cryptomonnaies. D'un côté, une BCE prisonnière de ses certitudes et de sa bureaucratie. De l'autre, des États membres qui prennent les devants pour ne pas rater le train de la révolution Bitcoin.

Le plus ironique ? Pendant que la BCE s'obstine, ses homologues américaines autorisent les ETF Bitcoin spot, la Russie régule les mines de crypto, El Salvador fait du Bitcoin sa monnaie nationale, et maintenant l'Illinois et l'Indiana franchissent le pas en autorisant leurs fonds de réserve et de retraite à investir en Bitcoin. L'Europe risque, une fois de plus, de regarder passer le train de l'innovation financière pendant que les États américains, un par un, normalisent le Bitcoin comme réserve de valeur institutionnelle.

La réalité du terrain s'impose

Les chiffres sont têtus : avec une capitalisation dépassant le trillion de dollars, le Bitcoin s'impose comme une classe d'actifs incontournable. Les banques centrales qui l'ignorent aujourd'hui seront probablement contraintes de l'acheter beaucoup plus cher demain.

La position de la BCE apparaît donc de plus en plus intenable. Elle reflète moins une analyse rationnelle qu'une crispation idéologique face à un outil qui remet en cause le monopole des banques centrales sur la création monétaire.

La course à la rareté s'accélère

Pendant que la BCE tergiverse, les géants de la finance jouent déjà la partition de la rareté. BlackRock, avec son ETF Bitcoin, et MicroStrategy, qui multiplie les augmentations de capital pour accumuler du BTC, ont parfaitement compris l'enjeu : les États entrent dans la danse, et la bataille pour les 21 millions de Bitcoin s'intensifie. Les projections sont sans appel : à terme, seulement 10% des BTC resteront entre les mains des particuliers. Une réalité que la BCE refuse de voir, mais qui pourrait lui coûter cher quand elle devra se résoudre à acheter au prix fort.

La divergence entre la BCE et la Banque centrale tchèque sur le Bitcoin n'est que le dernier exemple en date du fossé qui se creuse entre les institutions européennes et la réalité du terrain. Pendant que Francfort s'accroche à ses certitudes, Prague prépare l'avenir. Une chose est sûre : l'Histoire retiendra qui avait raison. Et quelque chose nous dit que ce ne sera pas la BCE.

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